Le territoire du bassin grenoblois est singulier en France, par la place centrale accordée très tôt à la culture dans son développement. Les acteurs publics, ville, département et Etat notamment, ont été à la fois moteurs et soutiens de dynamiques locales. Cette alliance entre associations et institutions culturelles a marqué le territoire de manière très physique, constituant un patrimoine culturel constitué de références nationales : leMusée Dauphinois, la Casemate, le CNAC / Magasin des Horizons, la MC2, plus grande Scène nationale de France, le Musée de Grenoble qui compte des collections de première importance en Europe, l’Hexagone, tête de réseau Art et Sciences, le Centre chorégraphique national, l’Ecole supérieure des Arts et du Design,etc.
S’il ne fallait retenir qu’un chiffre, ce serait ce taux d’équipements culturels par personne : le plus important des 22 métropoles, pour une ville qui n’est pas capitale régionale. Mais se contenter d’un taux irait à l’encontre du pari de cette publication : donner une vision large, non dogmatique de la culture. Pari délicat, qui a imposé une première partie de « définition », la culture grenobloise comme une mosaïque. Au vu de l’hétérogénéité des données dans ce domaine de la culture, l’équipe de rédaction a pris le parti d’illustrations, en espérant que le pointillisme donnera une vue d’ensemble.
Le territoire est également traversé par de grands récits historiques, et des atouts qui façonnent l’imaginaire et structurent le territoire. L’Observatoire des politiques culturelles les a décrits, dans l’étude qu’il a menée pour Grenoble-Alpes Métropole en 2016, dont voici une brève synthèse :
> Un territoire d’innovation politique et sociale, traversée par des engagements forts, depuis les Etats généraux du
Dauphiné, en passant par la Résistance, la municipalité d’Hubert Dubedout.
> Un territoire d’innovation industrielle, technologique et scientifique, depuis la houille blanche, les cimenteries Vicat
jusqu’à aujourd’hui un territoire où l’on compte un habitant sur cinq travaillant dans la recherche, l’innovation ou
l’enseignement supérieur.
> Un territoire connecté à la montagne, oeuvrant dès le début du XXème siècle, pour l’essor du tourisme de montagne,
l’accueil des Jeux olympiques de 1968.
> Un territoire jeune et cosmopolite, enrichi par d’importantes vagues d’immigration, et aujourd’hui accueillant près
de 60 000 étudiants, de toutes nationalités.
C’est à une mise en perspective entre cet héritage culturel et ces grands récits de territoire que cette nouvelle édition de Regards Croisés s’attèle, à travers des données et études issues du partenariat de l’OBS’Y mais aussi, du témoignage d’acteurs et de chercheurs pour lesquels – assurément – la culture est bien dans l’ADN d’un territoire grenoblois plus que jamais effervescent.